Un titre à peine exagéré si l’on en croit le nombre de canots, portant fièrement sur leurs voiles l’étoile rouge de cette flamboyante série, en résidence continue d’artistes sur les terres de la SRV Annecy.
Le moment approche où ils vont bientôt pouvoir remonter sur scène et combler les amateurs de belles joutes nautiques.
Les ducs de Nemours sont de retour.
Les esquifs étrangers sont chaleureusement accueillis mais aussi observés sur et hors de l’eau. Une fois les affaires en route, on se respecte mais on se hait suffisamment, on s’apprécie mais on se soupçonne tout autant.
Comme à l’accoutumé, le ballet débutera avec les grutages des carènes ce qui permet de jeter un coup d’œil indiscret sur les dessous de la série. Après quoi les mâts immenses se déploieront et offriront aux vents alentours la primeur de leur nouvelle garde robe. Comme dans toutes les cours bien tenues et qui se respectent sont réservées des places de convenance aux arches de vitesse les plus âgés structurant leurs francs bords des meilleurs bois d’antan. Les embarcations les plus lourdes s’engageront sans trembler faisant un moment illusion dans l’avant-port.
Les équipages performants se devinent dans l’harmonie des tenues associées et personne ne doutent de les voir caracoler au devant d’un peloton prêt à les dévorer au moindre incident pouvant les frapper, si d’aventure ils relâchaient leur attention.
Un championnat de France se gagne avec un certain panache à rallier.
La régate est un moment policé mais cruel, une aventure fascinante mais sans pitié.
Des silences écrasants enveloppent les perdants tentant de narrer leur déconvenue aux alentours du bar alors que les visages impassibles des vainqueurs de manches invitent à l’abstention. Continuez à dédouaner votre défaite sans retenue et vous les verrez tourner subitement les talons pour s’évanouir vers un autre groupe plus silencieux.
Ils auront pourtant tous joué un des rôles indispensables au succès de ces 3 jours d’affrontement, tantôt comme leader, outsiders, perdants ou anéantis.
Le moment de gloire n’est plus qu’à 50 centimètres du sol, à escalader préférablement d’une seule enjambée au moment de se saisir de la coupe, et de devenir cet éphémère champion aussi vite oublié qu’il aura franchi à fond la ligne, victorieux.
Star d’un jour
© Photo Claude Beauduc