Oui elle l’a !

Notre vénérable société des régates à voile d’Annecy  possède bien son rassemblement de vieux gréements, n’en déplaisent à la rade de Brest, à l’authentique ville « d’à Rouen » et autres lieux bien connus de défilés des bois vernis et autres cuivres rutilants. S‘il était possible d’accéder au lac par la voie liquide, ce regroupement verrait parvenir jusqu’à nous toute la restauration lacustre des amis antiquaires de bateaux à taille réelle. Comment résister à tirer des bords dans un tel décor rupestre, de ceux qui vous tirent des larmes les jours graves.

Quelques courageux éloignés traîneront à cette occasion derrière leurs véhicules d’anciennes beautés des ondes pour se regrouper autour des maîtres de cérémonie des Vieux Safrans, j’ai nommé Jacques Gassiot-Talbot et Roger Quenet. Une partie de leur temps se passe actuellement à entreprendre de ramener à la vie des épaves – le terme convient parfaitement – pour leur redonner leur lustre d’antan.

« Combien de temps faut-il ? » demande toujours le passant émerveillé.

« Faut pas compter en heures mon gars mais en gestes d’amour. »

Que peut-on rajouter à cette sortie, si elle est authentique ?

Cela ne m’étonnerait pas, car à y regarder de plus près on pourrait se croire plongés dans un mélange érotico-bricolo-lumineux d’archéologie, ethnologie, anthropologie, physique-chimie, architecture navale, artisanat et savoir-faire en tous genres. Imaginez un homme orchestre qui rajouterait chaque année un nouvel instrument à trimballer et à faire sonner. Il finirait par disparaître sous un fatras d’objets sonores et le bougre continuerait de créer des mélodies.

Si vous étiez de leurs portes ouvertes du 6 mai vous avez sans doute ressenti une sorte de présence étrange dans ces hangars. Serait-ce celle de votre propre nostalgie ou celle de grands parents disparus revenus humer avec vous les effluves du bon temps ?

Mais la récompense arrive avec les mises à l’eau et les confrontations langoureuses autour des bouées de régates de charme et de séduction. Je te dépasse au vent mais c’est pour mieux t’admirer mon enfant. Grâce à tous ces passionnés de reconstitutions et d’entretiens, le quai sent bon durant quelques jours la madeleine de Proust et les humidités d’époque. Ainsi les Vieux Safrans

Allez flâner, allez rêver…

Les 25, 26, 27, et 28 mai pour les Voiles du lac