Le titre est ronflant et on aimerait bien que ce soit le cas quand s’élancent pour la deuxième partie de soirée les valeureux voiliers qui s’apprêtent à braver la nuit. Seulement voilà, les remontées nocturnes de ces dernières années furent plus ou moins chahutées, à telle enseigne qu’il aura fallu une certaine fois renoncer à faire le stop pour un petit frichti à Doussard et repartir illico vers la maison. Il faut bien se souvenir aussi d’un mouillage acrobatique une autre année dont certains acteurs sont partis s’encastrer doucement mais sûrement dans les barquettes garées non loin. Quant à l’année dernière une fausse pétole d’avant orage nous aura fait croire à un retour au pas, quant soudain, du bout de l’horizon, accourt avec furie le plus terrible des enfants que le nord eu porté jusque-là dans ses flans (emprunt*). À peine le temps d’enfiler de quoi éviter les conséquences d’une douche à grand jet que déjà quelques coups de gîte nous indiquent que les prochaines trente minutes vont virer rock’n’roll. Certains ne sont jamais rentrés aussi vite et sans le vouloir.
Le bol pas terrible de soupe à l’oignon au retour s’est révélé aussi revigorant à nos gorges que le meilleur des miels du domaine céleste de ceux* qui nous avaient envoyé les petits tourbillons.
Voilà pourquoi chacune et chacun rêvent sans dire mot d’un aller nord s’essoufflant juste au moment du mouillage et repartant sud sous la forme d’alizés propres à nous laisser imaginer glisser dans une des lagunes de nos rêves. Sur les pontons d’arrivée quelques éphèbes donneront la main à nos équipières pour quitter le bateau. Oui, prendre soin d’embarquer à son bord une des barreuses disponibles du secteur pour courir deux courses en une seule et assurer aussi dans ‘’femmes à la barre’’ est un devoir de sociétaires, ni plus ni moins.
Foin ici de parité ou d’une quelconque prévenance trop marquée ‘’genre’’ entente cordiale de façade avec le sexe faible qui a démontré depuis belle lurette qu’il ne l’était plus, quand bien même l’aurait-il été un jour.
Et on se calme dans la lagune.
*Mais oui, La Fontaine vous savez bien, quand le roseau se gausse de voir le chêne se faire déchausser les racines sur un coup de vent.
* Poséidon quand on fait dans l’Hellène ou Neptune dans la Latine.